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La réalité sur notre belle filière

1 octobre 2020

Cliché : Poulet standard, bien être animal et sortie dehors. Le vrai du faux et les conséquences d'une obligation de sortie.

 

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Ah le cliché, que je peux entendre autant dans la bouche des citadins que de mes compères qui ne font pas exactement le même metier que moi... Alors allons y :

En ce moment le poulet standard est quasi incriminé de tout les tords et ne pas les sotir dehors reste le sujet d'actualité. Mais le bien être animal est bien loin de ne se résumer qu'a cela, il répond a masse de critères techniques qui ne se voit pas:

- La maitrise des températures: Un poulet régule très mal sa température corporelle, poussin il a des besoins en temperatures de 32/33 degres pour 50% d'hygrométrie. En dessous il est en hypothermie au dessus en hyper. Aujourd'hui nos boitiers (des ordinateurs qui font ce qu'on leur demande ;) ) nous permettent de réguler la température en fonction de leur âge, il chauffe au pourcentage qu'il faut, quand il faut, pour garder une temperature stable et homogène.

- La maitrise de l'hygrométrie. Sur un poulet elle a plusieurs rôles. Une hygrométrie trop élevée fera une chaleur ressentie plus élevée, une hygrométrie trop basse, quand a elle, aura un impact sur un ressentit plus froid.Elle a aussi un effet sur le rôle absorbant de l'air qui passe dans le bâtiment. Un air sec, juste ce qu'il faut, permettra aux animaux de se sentir bien et également d'absorber le liquide au sol pour que la litière soit sèche. 

- La maitrise du Co2 : Il faut veiller que la quantité ne soit pas trop élevée, il faut maitriser l'air rentrant dans le batiment, il doit y en avoir assez pour faire sortir le Co2 présent mais pas de trop pour ne pas qu'ils aient froid.

- La maitrise de la ventilation: Et oui le gros du boulot invisible pour celui qui ne connait pas ce travail. Nos batiments ventilent en depression (effet de léger sous vide: il y a moins de quantité entrante que extraite). Mais a quoi ça sert ? Ca sert a aller emmener l'air d'abord en haut, pour aller chercher l'air chaud, et le sécher pour l'amener en bas et le redistribuer aux animaux. Ça économise entre autre le chauffage et ça vient également sécher la litière. Puis l'air repasse sur les côtés et ressort par les extracteurs (ventilateurs). Il faut que l'air qui rentre soit en juste quantité, ni trop, ni trop peu; qu'elles arrivent a aller exactement la ou on le veut et a la vitesse qu'il faut pour qu'ils ne ressentent pas de courants d'air lorsqu'il fait froid et assez de vent lorsqu'il fait chaud. C'est la partie la plus technique, il faut des années pour comprendre que faire et quoi faire. Comment régler l'ordinateur et quoi rentrer dedans pour avoir le résultat désiré. 

- Assurer une eau de qualité aux animaux: L'abreuvement des poulets se fait par des pipettes. De long tubes de petit diamètre avec des pointeaux. Autant vous dire, a 30 degres la prolifération bacterienne va vite. Un des aspects de notre travail est de leur apporter une eau potable autant d’un point de vue chimique (TH,PH,Mg,Fe) que bacteriologique. Nous faisons une a deux analyses deau par an dans le batiment pour nous assurer qu'elle est toujours propre et qu'elle convient a leurs besoins. Nous mettons des traitements de l'eau en place en face en fonction de la qualité.

- Assurer une alimentation qui répondent à leur besoins physiologique: l'aliment poulet c'est avant tout des céréales, et un complexe vitamines minéraux, et parfois flores bactériennes pour le développement de bonne flore du microbiote. Des ingénieurs adaptent exactement la "ration" pour chaque age du poulet.

- Assurer une litière saine et agréable, nous paillons une première fois avant que les animaux arrivent. Puis si besoin on retourne la litière pour qu'elle soit plus absorbante. Si on arrive pas a gérer l'humidité, (a cause du fait qu'il n'arrete pas de pleuvoir dehors par exemple et que donc l'air qui rentre dans le batiment est déjà chargé en eau), alors on repaille. Nous avons différents types de litière: de la paillle, du granulé de paille, de bois, paille de lin, cosses, copeaux, tourbes... et j'en passe. Le principal est que cela reste absorbant pour leur assurer du confort. 

- Surveiller la pression virale: Nous ajustons la vaccination en fonction de la localisation, de la saison, de la pression virale de la zone... nous pouvons réaliser des sérologies en cas de doute pour pouvoir ajuste le plus rapidement possible. Dans certains cas on peut meme realiser ce que l'on appelle des auto vaccins. C'est un vaccin réalisé spécifiquement pour l'élevage en question, un vaccin unique.  Le fait de les garder en intérieur et qu’ils n’aient donc pas de contact avec les oiseaux sauvages limitent les risques d’attraper des virus. 

- Présence de fenêtres et denrichissement de milieu, pour les batiments les plus récents nous sommes équipés de fenêtres, elles permettent aux animaux d'avoir de la lumière naturelle. L'enrichissement de milieu est la pour favoriser l'expression du comportement naturel du poulet : Gratter, se percher, jouer. Nous le contrôlons déjà tout les jours visuellement et nous avons acces a des applications qui nous permettent, en observant, de noter l'expression du comportement. La note obtenue peut être redonnée pendant les audits par organismes indépendants. 

- Gestion de l'hygiène du batiment: Pendant le vide sanitaire on nettoie tout, on déterge, on désinfecte, le plafond, les murs, le sol.. Tout y passe. On réalise des boites contact:  on contrôle la quantité de bactéries encore présentes apres désinfection... A quoi ça sert ? Ça sert à ce que les prochains poussins qui arriveront dans le batiment ne soit pas "attaqués" par de mauvaises bactéries ou virus et donc des risques de maladies. Plus c'est propre, en meilleure santé ils seront.

Voila pour le gros... C'est tout ça le bien être animal aussi, nous, éleveurs de volailles "standard", ne sommes pas insensible au bien être animal, bien au contraire. Nous faisons notre production car nous sommes passionnés par ces animaux et non pas juste pour produire une viande pas chère. Nous résumer à cela reste une humiliation et a un renis de notre passion. Comme tout élevage, un animal qui se sent bien et dont tous les besoins sont comblés ira bien et donc nous aussi par la même occasion. Un animal trop sérré  n'irait pas manger et pas boire, et entrainerait une suite de problèmes plus graves les uns que les autres. Un animal qui a trop chaud ou trop froid idem... 

Le sujet du jour c'est l'acces à l'exterieur. Sortir les animaux a des avantages, celui d'exprimer le comportement naturel a fond sans avoir besoins d'utiliser l'enrichissement de milieu mais il aurait aussi des inconvénients: Impossible de les sortir tôt sous peine d'en faire mourir un paquet (c'est d'ailleurs pour cela qu'en label ils ne sortent qu'a J42): Sortir dehors une vache ou un poulet d'un kilo ce nest pas pareil. Lorsqu'il fait trop froid/chaud/pluie, les animaux ne sont pas mieux dehors, ils ne sortent d'ailleurs pas si cela ne leur va pas.La gestion de la pression virale, si tous les poulets sortent dehors la pression sera bien plus importante, ils seront en contact avec la faune sauvage. La situation actuelle peut vous faire comprendre pourquoi on évite de prendre des risques avec les virus... Le résultat est direct: En cas de virus très grave, au mieux c’est la surinfection bactérienne, au pire c'est la mort ou l'euthanasie, ai je vraiment envie de prendre ce risque pour mes animaux : NON. 

Il y a d'autres questions sous jascentes à cette décision: 

- Comme je l'ai déjà expliqué nous avons, en grande partie, des batiments sous depression. Il faudrait changer toute la ventilation, au bas mot 70 000€ par batiment, qui va les payer ? Le contribuable ? Les éleveurs, au vue des revenus, ne pourront pas l'assumer. 

- Comment trouver du terrain annexe pour les batiments déjà construits : Pour les Bâtiments construits en milieu de ferme ou ceux dont le terrain a coté du poulailler est a un voisin. Comment faire dans ces cas ? Le parcours à également un coût, il faudra acheter le terrain et les frais de notaires qui s'en suivent. 

- Le changement de souches (race de poulet), il faudra passer sur des souches a durée de vie plus longue car plus résistantes au froid et aux maladies = Indice de consommation plus élevé (c'est la quantité d'aliment necessaire pour faire un kilo de poulet). On devrait etre a au moins +60% de besoins en Aliments. Donc besoin de plus de céréales, donc plus d'occupation des sols, donc plus de Co2 et GES dépensés pour un même kilo de poulet produit donc un impact sur l'environnement plus important...

- La consommation en énergie plus importante: Une durée de vie plus longue et un bâtiment ouvert en grand... = plus de consommation d’énergies non renouvelables pour un même kilo de viande sortit 

Bref, que ce soit pour le bien être animal ou le coté environnemental, comme pour toute décision : il faut faire la balance des avantages et des inconvénients. Est-ce ci bien que cela pour le bien être animal? Est ce que cela vaut le coup, autant pour l'environnement que pour l'économie? On se retrouve avec une décision qui n'aura pas de réels avantages sur le BEA de part la balance avantages /inconvénients et avec un impact environnemental plus lourd. Sans parler d'impacts économiques graves: au vue des investissements à engager du côté des éleveurs, ou purement de l'incapacité de le faire pour certains bâtiments  : beaucoup d'entre nous arrêterons tout simplement de produire, entrainant avec nous une perte d'emploi massive. Les importations seront la pour apporter une solution aux personnes qui ne pourront plus payer leur viande française  quand le poulet arrivera a 18€ du kg, ils n'auront donc plus le droit d'être alimentés avec un poulet français... C'est une décision idéologique... et l'idéologie n'a pas de fondements scientifiques ni factuels. Mais il faudra assumer de le présenter en tant que tel et non pas pour réponde a des normes de BEA suposé par des gens qui ne connaissent pas les besoins d'une volaille. Cette décision peut paraitre dérisoire mais elle a des effets colossaux sur la souveraineté alimentaire et sur léconomie, l'emploi et une future fracture sociale. 

 

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20 septembre 2020

Le poulet standard pollue plus que le plein air.. En êtes-vous certain ?

 

                Banalité que l’on entend et voyons très souvent sur internet. Il y a encore quelques jours je l’entendais de la part de personnes ne connaissant ni de près ni de loin l’élevage avicole, qu’il soit en plein air ou standard d’ailleurs. Alors.. vérifions avec des chiffres factuels si ces affirmations sont bien fondées. J’ai ici retrouvé mes chiffres de sources sérieuses : Chambre d’agriculture, ITAVI. Je présente ici des chiffres moyens de poulet label rouge, représentant aujourd’hui la majeure partie de l’élevage en plein air en France.

 

L’impact de l’alimentation et l’impact sur l’air :

 

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                La majeure partie de l’impact sur l’environnement provient de l’alimentation. Pour ce qui est de la provenance dans les 2 cas il y a des disparités, une partie des animaux sont alimentés en céréales françaises pendant qu'une autre est en céréales qui viennent de l’autre côté de l’atlantique. N’ayant pas de répartition exacte pour chaque filière je ne développerais pas plus.

                Cependant on peut calculer le besoin d’aliments pour produire un kilo de poids vif pour chacun. Pour cela on observe l’Indice de consommation. Ah.. qu’est ce que ça peut bien vouloir dire. L’indice de consommation représente en fait le nombre de kilos d’aliments dont on a besoin pour produire un kg de poids vif de poulet. En label il est de 2,86 ; en standard de 1,6. L’impact de l’alimentation est donc supérieur en plein air pour le même kilo de viande sortit. Ces résultats se retrouvent ainsi logiquement dans l’impact Co2eq (inclue l’ensemble des Gaz a effet de serre) / kg net mangeable :        

                               4,54 kg de Co2eq / kg de poids net mangeable en Plein air label

                               3,5 kg pour le poulet Bio

                               3,03 kg en standard .. Ce qui en fait la viande avec le moins d’impact toutes productions confondues.

               sondes-CO2

Le besoin en énergies :

 

La consommation en gaz

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Les seuls chiffres que j’ai pu trouver date de 2008 (chambre agriculture), les consommations sont surement moins importantes en 2020 mais ils permettent d’établir une comparaison :

Les consommations de gaz s’évaluent en kg de propane / m2 / an. On y retrouve donc qu’un bâtiment label consomme en moyenne 6kg de propane/ m² pour  8kg/ m²/an en standard. Mais si on cherche plus loin, combien de kilo de poulet est produit par an/m² dans les deux cas?

En label on partira sur une moyenne de 2,3 kg x 11 poulets/m² x 3,4 lots par an = 86 kg de poids vif / m² / an.

En standard a 1,850 (c’était il y a 10 ans) x 22 x 7,3 = 297 kg de PV : m² / an.

Il fallait donc 0,07 kg de propane / kg de poulet label vif produit pour 0,02 kg en standard soit 3,5 fois moins de gaz qu’en production plein air.

 

La consommation électrique

                Les consommations retrouvés datent de la même année que le gaz. En moyenne on pouvait observer une consommation électrique de 5,5 kWh/m²/an en label pour 15 kWh en standard. Si l’on reprends nos précédents chiffres nous pouvons déduire qu’il faut 0,063 kWh / kg de poids vif produit en Label pour 0,050 en standard. La consommation électrique est encore une fois moindre.

 

L’ensemble gaz et électricité exprimé en kWh /m² /an

Il fallait 112 kWh /m² /an en standard pour produire 297 kg soit une consommation totale d’énergie de 0,38 kWh/ kg de poids vif produit. En label se chiffre s’élevait a 83 kWh /m² /an soit 0,96 kWh/ kilo de poids vif.

Pour un même kilo vif produit il faut donc en moyenne 2,5 fois moins d’énergie pour produire du standard que du label.

 

L’impact sur le sol

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                L’impact sur le sol est finalement identique. Dans les deux cas les épandages dépendent de la même limitation du nombre d’unité d’azote par hectare.  Plus vous avez de fientes, plus il faut d’hectares pour pouvoir épandre en face. Un bâtiment volaille ne se monte jamais sans débouchés viables et pérennes assurés. En plein air comme en standard.

 

                Pour conclure, que ce soit lié à l’impact de l’alimentation, des gaz à effet de serre, des besoins en énergie quelle soit sous forme de gaz ou d’électricité : la volaille standard consomme toujours moins d’énergie pour un kilo produit. Tout ceci parait logique : les bâtiments restent fermés en standard ce qui limite les déperditions, même fermées les trappes restent un pont thermique non négligeable. La quantité de volaille au m² ne fait pas beaucoup évoluer la consommation de gaz. La durée d’élevage et l’indice de consommation sont les deux explications majeures de ces résultats. On peut cependant nuancer en disant que le rôle du parcours label sert également de puis de carbone au même titre qu’une prairie. Cependant je n’ai pas trouvé de chiffre précis moyens.

                L’élevage standard n’est donc pas à diaboliser… Cet article n’a pas vocation à incriminer mes collègues plein air, la production de Label a toute sa place et représente une part de la demande. Il sert surtout à appréhender les conséquences probables qu’auraient un arrêt de la production en bâtiments fermés sur l’environnement, ou même d'un changement de souche avec un durée de vif plus importante et donc un indice de consommation dégradé. 

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